« Voulez-vous me faire la grâce de venir ici pendant 15 jours ? »
Cette parole de la Vierge Marie à Bernadette s’adresse-t-elle aussi à moi..?
Suis-je invitée à mettre mes pas dans ceux de Bernadette, dans cette pauvreté de cœur qui est tout accueil et ouverture, et à me laisser, à son exemple, visiter par Marie ?
Depuis quelques mois, cette parole s’incarnait de plus en plus en moi jusqu’à danser dans ma tête. Lourdes…, une étape sur le chemin de Compostelle où ma petite fille, non croyante, après une semaine de marche, m’invitait à la rejoindre le 5 octobre.
Après quelques démarches sur le coût des transports et d’un hébergement, je renonce très vite à ce projet, trop onéreux pour moi et bien trop fatigant vu la distance et la foule des pèlerins présents (pèlerinage du Rosaire). Je garde toutefois une petite porte entrouverte au Possible de Dieu et, dans un abandon total, je remets tout entre les mains de Marie pour qu’elle s’en occupe. Elle le fait si bien, et mon cœur est si disposé et prêt à l’Inconnu de Dieu, et donc à toute rencontre, que, dès le lendemain, cette rencontre improbable a lieu, à l’angle d’une rue, sur le trottoir, ici : « Bonjour… Priez pour moi… Je vous ai déjà vue à l’église… J’ai été guéri par la grâce de Marie et de sainte Bernadette et, chaque année, je vais à Lourdes pour dire merci.»
Tout se fait alors très vite : voyage aller-retour et hébergement réglés. J’étais bouleversée ! « Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu ». (Jean 11, 40) « Tout est grâce ! », affirme sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, fêtée le 1er octobre, jour de mon départ.
« Heureux les pauvres de cœur… »
C’est le thème du pèlerinage de 2019. Cette béatitude est parfois traduite par « En marche… vous les pauvres de cœur ».
Je suis remplie d’émotions devant la foule immense des processions, procession eucharistique, procession mariale, procession de la Lumière… une marche en avant, un mouvement, un élan vers la Vie, pour la Vie !
Cortège émouvant de celui qui marche pour celui qui ne peut plus marcher, de celui qui prie pour celui qui ne peut plus prier, de celui qui chante pour celui qui ne peut plus ou n’a plus le cœur à chanter, de celui qui espère contre toute espérance pour celui qui n’espère plus…
Procession de fraternité et d’amour !
Fragilité, dépouillement, nudité qui invitent au laisser-faire, à l’abandon…
Union au Christ souffrant.
Regards d’âme à âme, sourires, une main donnée, un geste, au-delà des mots, le paraître laisse place à l’être, dans cette vérité vraie, vérité nue…
Union au Christ vivant.
La vie est là, manifestée dans la beauté des chants des célébrations, dans la profondeur et la richesse des enseignements, dans l’accueil chaleureux et bienveillant de tous ceux et celles engagés comme serviteurs.
La tentation est grande de courir dans tous les sens pour répondre à un programme chargé et attrayant, en oubliant l’essentiel : être là, à l’écoute…
« Heureux ceux qui écoutent… le Royaume des cieux est à eux.»
Être présente à sa Présence, et me laisser rejoindre, me laisser porter, conduire, habiter, transformer par des rencontres, comme celle de cet homme assis sur le bord du chemin, le visage inondé de larmes.
« Heureux ceux qui pleurent… ils seront consolés.»
Ou cet autre, se démarquant de la foule des pèlerins par sa démarche altière et tranquille, portant sur son épaule, avec élégance, la bouteille d’oxygène de survie à laquelle il est branché.
« Heureux les doux… ils posséderont la terre.»
La Grotte, lieu de la Rencontre… douceur extraordinaire de la roche, polie par le passage incessant de mains ferventes, priantes, suppliantes, confiantes, en quête de…
23h00, messe dans l’intimité et le silence de la Grotte, moment intense au milieu de l’obscurité, la lumière de Marie…
Dernier jour… Je me décide, avant l’aube, à me rendre aux piscines dont on m’avait tant parlé… Une plongée dans les eaux du baptême ? Dans la mort et la résurrection du Christ ? Lavée ? Purifiée ? Sanctifiée ?
Je n’ai pas les mots. Malgré une file d’attente impressionnante, je suis sortie au moment où les cloches sonnaient neuf heures. Messe d’envoi avant le retour.
Arrivée sur l’esplanade, j’ai l’heureuse surprise de voir ma petite fille m’attendre… et le merveilleux cadeau de vivre la messe avec elle à mes côtés, debout (position en général difficile pour moi), bras dessus, bras dessous pendant toute la célébration, en ce beau lieu tout illuminé de soleil ce matin-là, où le Ciel a visité la Terre !
Lourdes, une expérience intime et profonde avec Marie et Bernadette, dans la douceur et la tendresse, qu’aucun mot, aucune parole ne peut traduire vraiment !
Une expérience à vivre.
Je rends grâce à Dieu, par Bernadette, de m’avoir montré le chemin des pauvres de cœur, et par Marie, pour sa Visitation !
Lourdes… Miracle ?
Oui… Miracle de l’Amour !
Brigitte, Pluvigner, Octobre 2019