Une idée a traversé mon esprit : que sont devenus les mots écrits sur le dé présenté à la messe du début de carême ?

ME PRIVER… Ça a commencé par là. Je n’ai même pas eu le temps de chercher de quoi je pourrais me priver pour mieux donner. La privation s’est imposée : tu éviteras de sortir quand tu veux, et pour aller où tu veux. Ça fait drôle, et ça gêne beaucoup ! Il a fallu s’y faire et je me suis alors mis à penser à ceux qui n’ont pas ma liberté de mouvement. Ils sont nombreux, j’ai essayé de penser davantage à eux.

AIDER… Les occasions ne manquent pas. Il suffit d’ouvrir ses yeux et ses oreilles, et l’on voit rapidement l’aide que l’on peut apporter.

PARTAGER… Le partage s’est aussi vite imposé. Ici, j’ai beaucoup pensé aux familles. La situation inédite à laquelle elles étaient confrontées n’était pas prévue, et pour que chacun ait sa place et s’y sente bien, il a certainement fallu partager.

PARDONNER… Quand on est plusieurs à être confinés dans un même espace, les tensions, les disputes, les mésententes, surgissent plus vite et plus fréquemment. Dans de nombreuses maisons, sans doute a-t-il été nécessaire de pardonner, et de pardonner encore.

PRIER… La prière concerne celles et ceux qui croient. Souvent, la prière personnelle est nourrie par la prière communautaire ; mais dans la situation où nous sommes, il faut prier seul, en couple, en famille. C’est vital pour un croyant, mais ça ne va pas de soi.

SOURIRE… Au début, je n’avais pas forcément envie de sourire parce que plusieurs choses m’étaient imposées. Mais j’ai vite pris conscience que sourire était une excellente clef de rencontre, d’échange, de respect, d’aide, de pardon.

Le carême avançant, et à quelques jours de la grande fête de Pâques, je réalise que je ne dois pas oublier ces mots. Ils ont goût d’humanité et d’Évangile.

Au début de sa mission, Jésus a connu l’épreuve des tentations. Il n’a pas succombé parce qu’il s’est tourné vers son Père, qu’il s’est appuyé sur sa Parole et sur son Amour.

Tout au long de sa vie publique, il a accueilli, aidé, partagé, pardonné, prié. En le faisant triompher d’une mort infâme, Dieu lui a donné de faire triompher la vie, une vie pas seulement pour lui mais pour tous les hommes, ses frères.
C’est cette vie divine et éternelle que nous fêtons à Pâques.
C’est cette vie promise à tous que nous sommes appelés à réaliser là où nous sommes.
Bonne fête de Pâques à toutes et à tous !

Bernard Le Luel

GF – 4/4/20